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La déesse du Bel Canto Elina Garanča nous fait pleurer dans le rôle de Santuzza dans l’Opéra Cavalleria Rusticana.

Posted in Uncategorized by Dietrich13 on 24 décembre 2020

La déesse du Bel Canto Elina Garanča nous fait pleurer dans le rôle de Santuzza dans l’Opéra Cavalleria Rusticana.

Opéra Cavalleria Rusticana de Mascagni Pietro. Staatsoper de Wien 2019.

Santuzza, Fiancée dédaignée : Elina Garanča mezzo-soprano.

Turiddu, jeune soldat de retour : Yonghoom Lee Ténor.

Lucia, mère de Turridu : Zonya Kushpler Mezzo-soprano.

Alfio, Charretier du village: Paola Rumetz Bariton.

Lola, Son épouse volage : Svetlina Stayanova mezzo-soprano.

Orchestre de la Wiener Staatsoper.

Chœur de la Wiener Staatsoper.

Chef d’orchestre : Gaeme Jenkins.

Metteur en scène : Jean-Pierre Ponnelle.

Présentation de l’opéra par le musicologue Bruno Pointefert : http://www.asopera.fr.

Cette belle opéra réaliste, en langue italienne avec une excellente mise en scène évocatrice d’un drame affligeant dans un village reculé en Sicile dans les années 1900, sur les mœurs perverties par des croyances naïves et idées reçues prises pour monnaie courante, pour la culpabilisation des candides jeunes femmes, victimes de la séduction dolosive par des promesses du mariage, leurs marginalisations cruelles ensuite par la médisance des prêtres catholiques détraqués, aurait bien pu aussi se placer dans un contexte de n’importe autre village du type comparable en Europe, en Autriche dans le village 8455 Oberhaag par exemple. En ont fait une impressionnante démonstration dans l’opéra Cavalleria Rusticana au Festival de Salzburg 2015, le ténor Jonas Kaufmann en odieux Turiddu brutalisant sur scène la soprano Lindmyla Monatyrka en malheureuse Santuzza.

Ce drame campagnard est basé sur la violence morale et physique primitive, une petite dose de sensualité dans intrigue de l’amour trahie et de la jalousie, des scènes rendues vivantes par des très belles et émouvantes mélodies des chanteurs, cantatrices et instrumentalistes au top niveau de leur art. L’orchestration de la musique vive et mouvante, aux couleurs changeantes, très morcelée en soutien harmonique ou en accentuation instrumentale les effets dramatiques des vocalisations. Dans un décor et sous un éclairage ingénieux, l’ensemble est capable de provoquer des émotions très fortes chez les auditeurs, notamment par l’exceptionnel talent dramatique et lyrique de la merveilleuse diva Elïna Garanča dans un rôle, inattendu de cette reine du bel canto : une jeune femme déplorable, abusée, humilié, avilie aux yeux de la communauté, suscitant la profonde compassion.

La tragédie du dénouement du drame se déroule le dimanche de Pâques, dans un décor variant le sombre, la pénombre et la clarté, spatialement arrangée avec adresse sur une route traversant un petit village, devant la façade frontale d’une église surélevée sur un escalier, l’auberge vis-à-vis. Le jeune soldat Turiddu, fils de Lucia, tenancière de l’Auberge, de son service militaire de retour dans le village natal, trouve son amour Lola marié au truculent charretier Alfio. Pour s’en consoler, Turiddu courtise et séduit la jeune villageoise Santuzza. Lui promettant le mariage, il déshonore son ingénue fiancée au vu et au su de ce milieu paysan des stupides catholiques, l’abandonne sans scrupule à la médisance, la livre au mépris général, lorsqu’il s’est fait reconquérir de son ancien amour dans une liaison adultère, de la belle et sensuelle Lola.

Suscite la pitié du spectateur, le long calvaire cauchemardesque de Santuzza, restant éperdument amoureuse, humiliée dans sa soumission suppliante jusqu’à perdre sa dignité en se prosternant pour regagner son amour devant l’insensible Turiddu obnubilé par les séductions de l’intrigante Lola, jouant sur ses attraits charnels en face de la simple Santuzza. Poussé toujours plus loin dans le désespoir par les provocations de la jalouse Lola avec Turiddu, Santuzza finit par dénoncer la liaison adultère à Alfio le mari. Le drame se dénoue lors de la fête du village le dimanche de Pâques par la provocation par Turiddu ivre de Alfio au duel aux couteaux. Avant son départ au rendez-vous fatal, Turiddu pris de regrets, supplie sa mère de prendre soin de Santuzza, de sa fiancée abandonnée. La scène se termine par un cri au lointain d’une femme annonçant sa mort dans le duel.

L’intensité de la remarquable force dramatique et lyrique des scènes émouvantes, mimées et vocalisées avec un art magistral accompli de la splendide Diva Elina Garanča en Santuzza frappée du malheur, égalise, même surpasse, les prodigieux effets émotionnels provoqués en Sesto repentant devant l’empereur trahi Titus par le rondo « Deh, per questo instante », (Ah, durant un instant seulement, rappelle-toi l’affection d’autrefois), dans l’opéra de Mozart « La Clémence de Titus », présentée le 13 novembre 2012 à la Métropolitaine Opéra à New York.

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Le prélude est chanté sur scène par Turiddu dans une illustration scénique judicieuse des émotions et sensations contraires : la joie de vivre des uns, la jalousie, la trahison, l’abattement de leur victime inspirant la pitié aux auditeurs. En spectacle devant sa fiancée Santuzza anéantie, l’épiant en se tordant les mains peinées dans l’obscurité derrière le mur, Turiddu avec la plus grande douceur d’adjuration de sa belle voix cajoleuse du ténor, à la cadence ponctuée doucement par une harpe, fait entendre sa sérénade enflammée à Lola ravie sur le balcon au-dessus, enveloppée dans un tissu léger marquant la nudité de sa sensuelle sculpture d’une Vénus, se trémoussant lubrique au rythme de la mélodie de son amant venant quitter la chaleur de ses étreintes par la fenêtre : – Oh Lola, avec ta chemise couleur de lait… […] Si en mourant j’aillais au paradis, et ne t’y trouverais point, je m’en irais. Sous des accords tonnants de l’orchestre, il s’enfuit précipitamment à l’approche de son mari Alfio, rentrant à la maison.

Dans le déroulement suivant de la tragédie affligeante, le contraste du sombre et rude habillement  de villageoise démunie, couvrant les charmes du corps contorsionné par de désespoir de Santuzza sous son grand châle, des cheveux châtaigne plaqués sur son crâne, avec la blancheur éclatant de son visage le plus bel, ses traits les plus tendres mis en relief dans la pénombre, par un éclairage focalisé selon le thème chanté ou mimé, renforce les effets émotionnels de l’émouvante représentation des expressions bouleversantes du visage et des gestes par la talentueuse actrice Elina Garanča des phases de l’affliction et de la consternation de Santuzza harcelée de toute part.

Au lever du jour, du matin de Pâques, sur la place publique du village, des voix des Hommes et des femmes respirant la joie de vivre, chantent en chœur une mélodie à la beauté de la nature : – les oranges embaument dans les verts d’alentour… Santuzza, d’une mine pitoyable, s’approche devant l’auberge à la mama Lucia méfiante, lui confie, son excommunions par la séduction de son fils. Dans un récitatif mélodique, après l’expressionnisme musical haut et fort, elle descendant sa vocalise jusqu’aux plus basses tonalités caverneuses. Apitoyée par sa détresse, Lucia hésite à écouter ses lamentations à peine croyables contre l’inconduite nocturne de son fils chéri dans les rendez-vous secrets dans l’appartement de Lola. Croyant qu’il s’en était allé chercher le vin dans la ville, elle apprend à sa surprise sa présence dans la nuit.

Salué avec respect par les hommes du village, le pittoresque charretier Alfio en costume cravate entre avec superbe en scène sous de ponctuation des instruments de corde de l’orchestre, martelant avec des accords de l’orchestre, fier de lui, des phrases avec sa vigoureuse voix de baryton la joie de la vie et la beauté de sa femme devant les villageois. En chœur, les femmes répondaient en écho à son vigoureux récitatif. Avec justesse, pour éviter un drame, dans son récitatif angoissé, Santuzza retient mama Lucia offrant Alfio un verre de vin, de lui marquer son étonnement lorsque affirme avoir vu son fils ce matin dans le village.

S’enchaîne devant l’église, sous un accompagnement orchestral de soutien harmonique variant les effets sonores des instruments pour donner plus de force aux expressions, une longe scène muette de mimétisme des sentiments antagonistes des prêtres, de Santuzza avilie et dégradée, des hommes, des femmes et des enfants de la communauté aux opinions manipulées par la médisance des religieux. L’odieux des scènes amplifie chez le spectateur le sentiment de compassions avec Santuzza, l’impuissante victime de l’avilissement de la hargne stupide des dévotes bien-pensantes.

Surgit de l’ombre du décor devant elle, un groupe de mégères hargneuses, menaçantes visent l’impure déflorée avant le mariage, des bras étendus des doigts accusateurs. Abattue, Santuzza se retourne, déambule comme une chienne battue vers le portail de l’église, monte l’escalier sous un douce et lente accompagnement piano du son des flûtes avec l’orchestre, espérant y trouver du réconfort de la miséricorde chrétienne auprès des curés qui l’attendent excités en haut devant le portail en accoutrement de la célébration de la messe interrompue pour assister au spectacle d’épuration. Appuyé par un accord vigoureux de tous les instruments de l’orchestre, le premier saint homme courroucé, saisit brutalement la pieuse agenouillée devant lui par le bras, la relève, la repousse violemment et la jette comme un sac vide en bas de l’escalier en pierre. Ce prélude au saint cérémonial s’est achevé devant les mégères impressionnées du spectacle, prenant le retrait sous un roulement des cymbales en coulisse.

Des fillettes passent, s’attendrissent, s’apprêtent à consoler l’effondrée, sont violemment retirées par des parents. Santuzza, la malheureuse accroupie, repliée en boule pour se protéger des méchancetés, devant les gendarmes, des petits voyous et des enfants de chœur la lapident sur l’escalier devant l’église avec des déchets traînant sur la route. Des surprenantes scènes affligeantes, joués avec une absolue maîtrise de l’art dramatique de la pantomime au tempo varié de la musique d’accompagnement par la splendide diva Elïna Garanča, ravalée dans le scénario en pitoyable fiancée séduite, dédaignée, harassée et anéantie.

L’impureté perturbatrice éloignée de l’atmosphère liturgique, la procession religieuse de Pâques pouvait enfin débuter devant les fidèles croyants pleins de ferveur par la sortie cérémonielle par quatre porteurs sur un brancard rudimentaire de l’église la statue en plâtre peinturlure et couverte d’un drap violet de la Sainte Marie, la maman de Jésus et de ses frères dont la virginité n’est qu’une invention tardive des gnostiques qui ont christianisé les rites païens deux cents ans après. C’est écrit à Jérusalem, dans le caveau de la famille Christ découvert, le papa Jésus d’au moins d’un fils avec son épouse Magdalena, n’a pas été chaste chrétien, mais fervent juif aux mœurs normales. Passé en chimérique dieu bicéphale, le Sauveur ne croirait pas à ses yeux s’il pouvait voir cette idolâtrie fabriquée par des faussaires en son nom pour fonder sur des mensonges (Nietzsche) la religion la plus perverse, la plus oppressive, la plus sanguinaire de l’humanité. Ici, la cérémonie modeste des pauvres villageoises en extase, ressemble dans sa spiritualité musicalisée, étrangement à la grandiose cérémonie des riches pharaons, présidée magnifiquement par ma divine salvatrice Elina Garanča en fière Amneris, reine d’Égypte, en chantant majestueusement devant la parade des idoles dans un costume de scène et un décor somptueux dans l’opéra Aïda de Verdi présenté en février 2021 à Paris.

Dans l’église de l’humble village, le chœur entonne le cantique « Regina caeli, laetare, alléluia » (Reine du Ciel, réjouis-toi, alléluia), reprise par les gens du village en chœur, sur la joie de la résurrection du Christ. Ce sublime cantique faite partie du répertoire favori de la divine Elina Garanča, dirigé avec adresse par son époux, le génial maestro Karel Marc Chichon. (Album Elina Garanča MÉDITATION.

Ce divin cantique a aussi apporté à la divine Elina Garanča le prix du chant sacré. (Adventskonzert aus Dresden 29.11.2014 Kammerchor der Frauenkirche – Sächsischer Staatsopernchor. Chef d‘orchestre Pablo Heras-Casado). Commentée par moi, la présentation de ce merveilleux chant se contraste vivement avec celui dans l’opéra Cavalleria Rusticana de 2019 à la Staatsoper de Wien, Elina Garanča reléguée dans les malheurs pitoyables de la tendre Santuzza repoussée en arrière-plan.

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Dans l’Église des Femmes à Dresde en 2014, le remarquable ensemble de l’orchestre, chœur et solistes est dirigé avec la finesse extraordinaire du brio magistral du talentueux chef d’orchestre Pablo Haras-Casado.

Le prélude des sonorités éthérées de l’orgue suivi de la réponse chorale raffinée alterne des voix graves des hommes avec les voix hautes des femmes. L’ensemble choisi de toutes les beautés sonores des tessitures et colorations s’estompe et remonte en éblouissant graduel. Ces accords vocaux chargés de force dramatique de la prière créent un fond sonore ondoyant de spiritualité avec l’harmonie des bois, des cuivres joints des cordes de l’orchestre en formation circulaire dans le transept d’une magnificence architecturale et somptuosité de l’art décorative. Le roulement appuyé des timbales avec des passages fortissimos des violons accroît l’harmonie de la dramatique par l’extraordinaire effet de l’émotionnel. De cet admirable fond orchestral de l’hymne de Pâques du XIIe siècle de la piété mélodieusement polyphonique, se détachent avec une poignante virtuosité en solo les sublimités vocales mezzo-sopranos de la ravissante cantatrice Elïna Garanča. L’imploration de la grâce salvatrice de la puissance céleste par ses vocalisations dans des hautes Tons de sa Tessiture est d’une pureté digne d’une soprano colorature.

Son chant émerveillant se répand, se réverbère dans la magnifique structure des colonnes, monte vibrante aux galeries circulaires jusqu’aux voûtes et arcades, fait naître dans l’auditoire des irrésistibles émotions attendrissantes. De sa voix parfaitement flexible, la mesure paraît couler comme un fleuve enchanteur de sa gorge déployée, sans effort visible et sans limite possible, modulée avec une exquise sensibilité dans les cavités sonores de sa bouche, synchronisés à ravir du jeu des muscles du buste, du cou et de la face, de la mimique et geste expressives de toute beauté en harmonie de l’exquise mélodie des mystères de l’incantation du spirituel. D’un port de tête de charme altier de la prodigieuse reine du lyrisme colorature que Elina incarne, le paroxysme de l’émotion spirituelle de l’oratorio de Pâques est produit par un majestueux crescendo du motif de prière à la Saint Marie par l’élévation vocale en finale de l’alléluia de la supplication, « Sois dans la joie et l’allégresse, pour parvenir aux félicités de la vie éternelle… », son regard d’extase fixé vers le ciel.

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Devant l’église du village dans la disposition de l’opéra, en pécheresse déflorée exclue, la pieuse Santuzza harassée est reléguée à l’écart de la communauté chantante en chœur devant la procession de leur idole sortie du sanctuaire par deux gars sur un brancard rudimentaire, sur les sons liturgiques en coulisse de l’orgue. Mais c’est elle, l’impure, par la magie de sa voix d’une intensité lyrique éclatante, en merveilleux solo poignant d’abord, se détache, et conduit le chant de l’hymne des villageoises en chœur de la résurrection. Agenouillée, mise en relief par la focalisation d’éclairage focalisée, d’un saisissant mimétisme évocateur, elle soulève les mains vers le ciel dans l’espoir du miracle salutaire, les tordant pliées, intimidée derrière la maman Lucia, suppliant l’idole en plâtre dévoilé. En adoratrice fervente, Santuzza pousse de sa voix d’enchanteresse en finale, déroule vibrant dans l’air la phrase mélodieuse « Réjouissons-nous, le Seigneur n’est pas mort », deses vibrantes, longs souffles évocateurs de l’admirable registre du chant sacré, implorant à la grande puissance vocale en crescendo, avant de s’effondrer en gémissant.

La foule rentrée dans l’Église, avec une émouvante romance d’imploration, ‑ Voi lo sapete, o mamma…, Santuzza retient la maman Lucia pleine de compassion pour écouter ses confidences, lui vocalise d’une virtuosité déchirante, les secrets du drame de son fils et de Lola dont il a été amoureux avant de partir pour l’armée, ­‑ Avant de partir soldat Turiddu avait juré à Lola une foi éternelle… À son retour, la trouvant mariée, il cherchait d’éteindre la flamme qui lui brûlait le cœur avec l’amour devenu sincère avec elle. Dans des passages les plus passionnés de la partition, des phrases et airs doux et mélodieux, Santuzza pleure sur des tonalités déchirant l’âme : ‑ Mais cette envieuse de tous les plaisirs, trompant son mari, brûlait de jalousie, me l’a ravi ! Privé de mon honneur je reste seule. Je pleure ! C’est pitié à voir comment elle se lamente devant maman Lucia consternée : – Je suis damné ! Je suis damné ! Allez, ô maman, implorer Dieu et prier pour moi.

(La magnifique romance VIO LO SAPETE, O MAMMA de Santuzza, (vous savez o maman), chantée avec brio par la divine Elïna ‑ dans une si mise sexy qu’elle en riait elle-même sur la vidéo ‑, est enregistrée dans son Album Revive ELÏNA GARANCA, dirigé par le maestro Roberto Abbado).

Turiddu apparaît avec une grosse bonbonne de vin dans panier d’osier sur le dos, simulant son retour de la ville. Santuzza le traite de menteur, lui fait des reproches de ses visites clandestines chez Lola : – Cette mauvaise femme t’a arraché à moi. Dans le duo chargé d’une extrême intensité dramatique, il terrifie Santuzza par la menace de mort qui plane sur lui si son vigoureux mari Alfio apprend la triste vérité. Elle, en s’abaissant toujours plus dans l’humiliation devant les menaces sentencieuses de son amoureux : – Bats-moi, insulte-moi, je t’aime et pardonne, mais mon angoisse est trop forte…

La tension explosive entre les deux est interrompue pour un court moment par les ravissantes ondulations en coulisse de la voix frivole de sa maîtresse volage Lola. Moqueuse, en aguicheuse légèrement cruelle, la séductrice jalouse s’exhibe avec ostentation aux deux en affronte passionnée, en se trémoussant lascive sur le balcon, chantante enjouée sur une voluptueuse tonalité un air aux captivants tons piqués, d’une clarté cajoleuse, vantant gaiement la beauté de son amant Turiddu : – Fleur d’iris, il y a mille anges magnifiques au ciel, mais beau comme lui, il n’y a qu’un seul !

Avant de rentrer dans l’église Lola se moque encore dédaigneusement de l’affliction de sa jeune rivale en peine. Il s’ensuit la scène hautement dramatique, la plus passionnée de la partition. Surtout, dans ce passage du scénario, la sublime Elina Garance fait une démonstration éclatant de sa merveilleuse virtuosité, à voix nue ou appuyée par l’orchestre. D’une souplesse vocale magnifique, la diva parcourt toute sa tessiture et toute sa gamme d’expressions d’abattement, de découragement, de tristesse, d’espoir et des supplications ; descend son timbre jusqu’aux abysses des graves de sa chaleureuse voix de poitrine, remonte successivement en vibrato, passe avec aisance par les médians veloutés, aux hautes de sa voix de tête, ondulant sur un seul souffle en pianissimo au fortissimo, en vagues au crescendo au decrescendo, les mélodieuses phrases chargées de l’intensité émotionnelle la plus impressionnante.

Santuzza déployant tous les charmes de vocalisation dans les supplications mélodieuses devant Turiddu de plus en plus énervé, de ne pas suivre Lola dans l’Église et rester et parler avec elle : ­­ – Non, Turiddu, reste, reste, encore. […] Ta Santuzza pleure et t’implore, comment peux-tu la chasser ? chante-t-elle, dans des mesures d’une force dramatique remarquable, accompagnée piano par le solo ondulant d’un cor anglais, avec une expressive voix traînante, appuyant sur les tragiques intonations graves de l’insistance. Malmenée par l’insupportable rudesse insolente de ses gestes tranchantes et de la projection exclamative de voix de ténor enflée des éclats de domination dans les impressionnants duos aux émotions discordants, furieuse, Santuzza finit par menacer Turiddu : – A toi, les mauvaises Pâques, parjure ! Troublé dans son orgueil projeté à la tête de Santuzza avec la force insolente de sa vocalisation tranchée du ténor, il commence à en avoir peur.

Agacé des démonstrations d’amour de Santuzza, il la repousse avec brutalité, la fait dégringoler sur l’escalier et rejoint Lola dans l’Église. Restée seule, abandonnée sur la place publique, Santuzza salue Alfio qui arrive : – Oh, c’est le seigneur qui vous envoie, compère Alfio ! Blessée dans sa dignité par l’outrage, elle lui apprend dans un bref récitatif, au plus haut point dramatique de la voix vibrante d’émotion, la tromperie de sa femme avec Turiddu. Dans le duo avec Alfio, dont la stupeur tourne en colère meurtrière, Santuzza se repent, s’accuse d’infamie. « Ce sont eux les infâmes et je ne leur pardonnerai pas. J’aurais ma vengeance ! lui réplique l’imposant Alfio avec le mordant de sa voix courroucée du baryton.

Turiddu en sortant de l’église avec contentement, invite ses amis à boire sur la place publique. Il chante joyeusement avec les éclats de sa superbe voix de ténor un entraînant chanson à boire : – Vive le vin qui pétille, dans des verres qui scintillent comme le rire de l’amant, etc. La mariée Lola a toutes les peines de se soustraire de la grossièreté de ses approches de l’amant survolté, trahissant l’adultère aux villageoises rassemblés devant l’église qui répétaient gaiement en chœur le refrain de sa chanson à boire.

Alfio en superbe allure vient faire une éclatante apparition ovationnée dans la fête, interrompt la tentative brutale de Turiddu d’enivrer aussi son épouse Lola poussée dans un coin de sa maison en lui ingurgitant de force le vin par le goulot de sa grosse bouteille. D’une stature imposante, par la vigueur autoritaire de sa voix de baryton, Alfio refuse avec hauteur en brisant le verre de vin offert, le provoque en quelques mots tranchants : ‑ Merci, mais votre vin je ne l’accepte pas ! sous le dernier lent solo apeuré de Lola avec son petit Grimoire des saints chants et prières serré dans la main : ‑ Mon Dieu que se passe-t-il ?

Les deux hommes se donnent l’accolade à la manière sicilienne. Pour donner son accord au duel Turiddu lui mord d’un coup sec l’oreille. Prise de remords de son inconduite, en se départant de son odieuse arrogance, Turiddu commence à se montrer sous un jour sympathique, chantant lentement, soutenu d’un solo d’un violoncelle, sur un ton assagi devant Santuzza muette, consternée : ‑ Compère Alfio, je sais que j’ai tort, et je vous jure au nom de Dieu que comme un chien je me ferais égorger… Dans une atmosphère chargée d’électricité, les femmes inquiètes pour Lola, se retirent en l’amenant avec eux.

Turiddu, avant de partir au lieu convenu du duel, simule la faute de l’ivresse : Maman, le vin est trop généreux et certainement aujourd’hui, j’en ai trop avalé… Sachant que ce serait son dernier voyage, dans un déchirant récitatif et aria, soutenu d’un jeu mimétique expressif de sa tristesse et de ses regrets, il pleure dans un admirable lyrisme, prie sa mère de prendre soin comme une mère de Santuzza à laquelle il avait promis d’amener à l’autel pour le sacré du mariage. Santuzza se jette au cou de la mama Lucia. L’air vibre de leur lamentation en duo éploré à hautes voix déchirantes au sommet de leur puissance. L’atmosphère d’excitation est rompue par un cri des voix qui se levait dans le lointain, un cri de femme : Ils ont tué Turiddu !

Peter, le « Cavalier de Prose » de son amour Elina Garanča, rempli d’admiration devant son immense talent dramatique et lyrique.

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